Naël n'arrivait pas à croire qu'il s'était laissé embarquer dans cette aventure malgré sa réticence. Il avait dit et répété à Alyosha qu'il ne voulait pas aller au cabaret avec son frère et d'autres ''amis' de celui-ci mais son père avait été sans appel. Son plus jeune fils devait être vu avec ses semblables et surtout en plaisante compagnie car des rumeurs commençait à courir sur le jeune homme et sa distance avec le monde. Pour tous, il était étrange de voir un si beau garçon préférer la compagnie de ses livres et des étoiles plutôt que celle des femmes et du faste mondain. N'ayant aucun moyen de refuser, le jeune russe se retrouvait donc dans ce lieu de débauche avec Benedikt et ses amis, tous plus imbéciles les uns que les autres. L'endroit était vulgaire de l'avis de Naël. Ce mélange de tentures rouges et noires avec l'éclairage tamisé et les corps presque dénudés qui évoluaient sur scène ou dans la salle, tout respirait la débauche et le vice.

Avec un soupir, il s'assit néanmoins avec les autres hommes, écoutant leurs commentaires plein de concupiscence en levant les yeux au Ciel. Les hommes étaient-ils obliger d'oublier comment fonctionnaient leurs neurones dès qu'ils se trouvaient en présence de femmes ? Cela ne lui était jamais encore arrivé, bien sur il savait qu'il était attiré par son propre sexe mais jamais au point de perdre le contrôle de lui-même. C'était purement pathétique !

Le reste de la soirée se déroula assez tranquillement, Naël avait commandé un ou deux verres et observait le spectacle ayant court sur scène, faisant de son mieux pour ignorer les bruits de succion qui lui parvenait de ses ''amis'' de la soirée ou le fait que son frère, à moitié ivre, avait disparu derrière une alcôve avec une danseuse depuis un peu plus d'une heure. Il profitait simplement de la performance des danseurs. Il n'aimait pas particulièrement cet endroit ou le déballage de chairs mais il devait avouer que le spectacle était bien orchestré et entraînant tandis que les danseurs étaient en parfaite harmonie. Finalement, ce n'était pas aussi horrible que ce qu'il croyait.

Il commençait tout juste à se détendre quand il aperçu une personne blonde, visiblement un employé de l'établissement, s'approcher de lui. Son visage n'en laissa rien paraître mais son corps se tendit imperceptiblement alors qu'un début de panique montait en lui. Il avait vu ce que faisait les danseurs et danseuses lorsqu'ils s'employaient à séduire un client. Le flirt , les touchés et les rires de gorge. La soirée en avait été remplie. Il avait réussit à y échapper en s'éclipsant vers les W.C ou en allant commander un verre mais c'était déjà trop tard pour fuir. Il allait devoir subir alors qu'il n'avait aucune intention d'assouvir quelque désir qu'il aurait peut-être, hypothétiquement, pu avoir.

C'était la chose qu'il détestait le plus dans ce genre d'endroit. La promiscuité. Tout le monde reluquait, se touchait, se collait les uns aux autres sans vergogne. Lui même avait reçu son compte de gestes déplacés, sur les fesses ou autre, pour la soirée et il avait du faire appel à tout son self contrôle et à toute son éducation pour ne pas gifler les malotrus qui avaient oser le touché. Naël avait horreur d'être touché. Ayant été élevé à l'écart de sa famille, il n'avait reçu que très peu d'affection, seul sa nourrice le lui offrant. Il n'avait donc jamais été habitué au contact des autres, sans compter que sa peau était hypersensible, et supportait très mal d'être touché, excepté par quelques personnes très peu nombreuses comme sa nourrice ou Juliet. Dès qu'un inconnu le touchait, il ne pouvait s'empêcher de se tendre comme un arc et de se dégager, au point que s'en était presque devenu une phobie. Ce phénomène avait des répercussion sur sa vie sentimentale inexistante. Il était sorti qu'avec un seul homme mais n'avait pas supporter cette proximité longtemps. Alors voir cette personne avancée vers lui, sachant ce qu'il se passerait, le mettait presque au supplice. Mais il ne pouvait rien y faire.

Qu'est-ce qui poussait les gens à sortir de leur lit? Pour Jay, c'était la faim. Une faim dévorante et cuisante, mais de quoi ce cher prince avait-il faim? De tout, absolument de tout. Jay voulait tout, maintenant et tout de suite sans avoir à lever le petit doigt. Malheureusement, il était né dans le mauvais monde, à la mauvaise place et il n'avait absolument rien. Et la seule chose qu'il avait, tous désiraient la lui voler. Il avait la beauté et la grâce de centaines de personne et pourtant, le jeune homme n'avait pas hérité de leur bon caractère. Il était mauvais, cruel et froid et lorsqu'il s'exprimait, on avait du mal à croire que de tels mots pouvaient sortir d'une bouche aussi fine et délicate.

Jay se dégoûtait lui-même car la seule chose qu'il pouvait faire pour avoir ce qu'il voulait, c'était écarter les cuisses et laisser les autres prendre ce qu'il voulait de lui. Mais il s'était promis, il s'était juré, plus par amour propre que par respect de la morale, jamais il ne tomberait à ce point. Il n'était pas une putain et le jour où Jay en deviendrait une, ses prix seront bien trop cher pour tous les pervers de Monopolis. Oui, en se maquillant très légèrement ce soir là, le jeune homme était d'une humeur cuisante. Massacrante même… Il en avait assez de la vermine et de la pourriture cuisante de cette ville, comme si tous les rébus de la société avait décidé de se réunir ic.

Et lui… qu'est-ce que cela faisait de lui? Il était leur divertissement, l'attraction principale…Une voix le tira de sa rêverie et il maugréa de plus belle en enfilant une robe noire. Trop courte, trop collante, ses jambes était trop longues et en se regardant dans le miroir, il savait qu'il était beaucoup trop beau. Jay était une douce abomination, on lui avait donné la beauté et plus que quiconque, il n'en voulait pas. Il aurait préféré être laid et avoir toutes les richesses du monde. Sa beauté ne lui apportait rien. Absolument rien. Une main passée dans ses cheveux et Jay était déjà sur scène, avec tous les autres danseurs et danseuses. Le coeur n'y était pas ce soir… Il se déplaçait et se mouvait plus par automatisme que par véritable désir de plaire et d'être désirée. Le club était pourtant bondé ce soir, et cela aurait dû le ravir mais Jay n'en avait que faire. Il descendit de scène avec un soulagement, avant de se rendre compte que son patron n'avait pas l'intention de les laisser partir comme ça…

Apparemment, il y avait des personnes influentes dans la salle et il était très important de leur soutirer un maximum d'argent. Jay poussa un soupir, ses yeux se promenant à travers la petite salle miteuse et bondée. Une seule personne… C'était tout ce qu'il pouvait faire ce soir. Il plaqua un sourire forcé avant de se mêler dans la foule. Très vite, Jay repéra sa proie. Un jeune homme aux cheveux brun et à l'air craintif… Tout ce dont il avait besoin, son sourire s'agrandit sur son visage, tandis qu'il se frayait un chemin jusqu'à lui. Il savait très bien de quoi il avait l'air, sa robe ne cachait pas grand chose dans le fond et son absence de poitrine indiquait très clairement son ses, et ses cheveux retombaient un peu fou sur son visage. De quoi faire tourner la tête à n'importe qui… Jay s'approcha de l'inconnu, bien conscient que ce dernier avait les yeux rivés vers son visage.

"Bonsoir… Tout va bien?"

Une phrase tellement banale, tellement innocente, mais pas dans cette bouche si parfaite, pas de ses lèvres si charnues, surtout pas quand, ses yeux posés sur les inconnus, les mains de Jay se dirigeait vers la poche du jeune homme. Pas si innocent que cela.

Naël savait que la créature qui s'approchait de lui était le genre à hanter les rêves des hommes malgré son sexe. Parce que c'était un homme, l'échancrure scandaleuse de la robe qu'il portait ne laissait aucune place à l'imagination. oui, il était beau mais le jeune russe ne ressentait aucun désir particulier pour lui, malgré son sexe. Après tout, il était homosexuel et aimait les hommes, il ne trouvait donc aucun charme à cet ersatz d'hermaphrodite. Il ne bougea donc pas d'un pouce lorsque le danseur parvint à sa hauteur d'un pas chaloupé et se pencha sur lui, l'enveloppant dans un nuage de parfum trop riche, vulgaire. Le nez fin de Naël se fronça imperceptiblement.

"Bonsoir… Tout va bien?"

Poli, le garçon lui sourit tout en surveillant la main qui se dirigeait lentement vers lui, se demandant ce qu'il allait faire. Même s'il s'en doutait. C'était assez triste, cette façon dont les petites gens prenaient les plus riches pour des imbéciles. Bien sur, l'attitude de ses camarades d'un soir ne pouvait que justifier un tel préjugé mais l'étudiant était loin d'être aussi stupide. Il décida cependant d'attendre, avant de faire un esclandre.

-Je vais très bien merci. je me porterais cependant encore mieux si vous auriez l'extrême obligeance de vous écartez quelque peu.

Bien qu'il n'en laissait rien paraître, son visage toujours aussi lisse et sculptural, ce contact rapproché le dérangeait grandement. Non seulement à cause de son aversion pour les touchés, mais aussi parce que le blond en lui même était oppressant. Trop maquillé, trop parfumé, les cheveux trop sauvage, trop tout. La personne qu'il avait en face de lui n'était que faux-semblant et secrets, exactement comme les hommes d'affaires qui avaient défilé chez lui pendant toute sa courte vie; et si on lui avait apprit quelque chose, c'était bien de ne jamais baisser sa garde face à une telle personne.

-Je ne dirais pas non à un peu de compagnie cela dit, si vous voulez bien prendre place. Il désigna le fauteuil vide en face de lui, tout en sirotant son verre de marguarita. Cet endroit est si ... vulgaire. Il me tarde de partir.

A cet instant précis, Benedikt surgit de derrière l'alcôve, débraillé et un air stupidement béat sur le visage. Déjà, d'autres femmes cherchaient à s'attirer les faveurs du beau blond qui leur fit signe d'attendre avant de s'approcher de son petit frère.

-Et bien младший брат, tu ne veux pas profité un peu ?

Pour simple réponse, Naël secoua la tête dans la négativité, arrachant u petit gloussement à son frère qui lui ébouriffa les cheveux en un geste affectueux.

-Я действительно сказал отцу, что такого рода место тебе не понравилось бы, ты чересчур любишь твои книги !

Un sourire ourla les lèvres du garçon à ces mots, plus qu'amusé par les frasque de son grand frère. Il se dépêcha de le congédier, cette intervention lui ayant fait oublié la surveillance qu'il exerçait sur le danseur blond.

-И ты ты чересчур люби женщин! Следовательно возвратись при твоих поклонницах. я ожидал бы, что ты закончил.

C'est en riant que l'héritier des Beliakov repartit à l'aventure, laissant son cadet au prise avec une veuve noire. C'est alors que Naël sentit quelque chose s'approcher de sa cuisse.

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